Je ne sais pas vous, mais moi je n’arrive pas à revenir.
Vous parler comme si de rien n’était, comme si cette parenthèse était déjà refermée, comme si le cœur y était encore.
Je ne sais pas quoi vous dire.
La vie continue, oui, mais on se sent tellement con parfois.
Quand on réalise que ce que l’on a vécu pendant 3 jours, d’autres le vivent au quotidien, parfois pendant des années.
Bien sûr, on sait tout ça. En théorie.
Mais après ces quelques jours, je ne sais pas vous, mais moi je ne l’ai plus juste « su », je l’ai « vécu ». Cette boule au ventre, cette crainte immense, cette sidération ne m’ont pas quittée.
Et ça change beaucoup de choses.
Les horreurs qui se produisent ailleurs dans le monde prennent une autre résonance…
On se sent con, oui.
On se sent comme un sale gosse égoïste et trop gâté, qui n’a pas conscience de sa chance.
On réalise à quel point on est protégé. A quel point la futilité et l’insouciance sont un luxe. Tout n’est pas parfait en France, tout n’est pas rose. Mais tout de même.
On réalise…
Je ne me fais pas d’illusions, je sais que cet élan extraordinaire que nous avons vécu dimanche va peu à peu s’estomper, que les petites querelles et mesquineries du quotidien vont reprendre leurs droits, qu’ailleurs dans le monde la folie innommable de certains va continuer ses ravages, ne s’est d’ailleurs même pas arrêtée une seule seconde.
On oublie tellement vite. Moi la première…
Je me demande ce qu’on peut faire, ce que je peux faire. Je ne trouve pas de réponse.
Je me sens terriblement inutile et impuissante.
Alors je n’arrive pas à revenir ici.
Mon petit bilan de l’année 2014 devait être publié mercredi dernier.
Et puis les évènements ont rendu tout cela tellement dérisoire…
Je ne sais pas encore si je vais le poster, ce bilan. L’envie d’écrire et de partager a toujours été le seul moteur de mes publications sur ce blog. Mais cette envie, elle a disparu la semaine dernière. Elle n’est pas encore revenue.
Depuis presque une semaine, mon petit tour quotidien sur Hellocoton s’est transformé en veille intensive sur Google Actu et Twitter.
Besoin de savoir, de comprendre.
Mais l’incompréhension est encore plus forte qu’avant. Les questions, encore plus nombreuses.
Je ne sais pas comment conclure ce billet.
Je me rends bien compte qu’il est extrêmement pessimiste.
Pourtant, il y a eu de beaux moment, ces derniers jours. Des moments euphoriques, émouvants, drôles.
Il y a eu le soulagement, le réconfort face à ce qui s’est passé dimanche dernier. Il y a la fierté.
Oui, depuis quelques jours, je suis fière d’être française, fière de mon pays. Ça faisait trop longtemps que ce n’était plus arrivé.
Et maintenant?…
On essaye de garder ça en tête. Que ça ne s’efface pas trop vite, comme tout le reste.
On n’oublie pas.
12 commentaires
C’est un très bel article Aurélie… je crois que chacun vit son deuil à sa façon et à son rythme. L’envie n’est pas là aujourd’hui ? Elle reviendra. Demain, après demain, dans un mois voire même deux. Mais elle reviendra. Et peut être que tu ne nous raconteras plus les mêmes choses ou si, les mêmes mais différemment. Je crois que dimanche nous avons eu la preuve que c’était possible, que l’on pouvait aller au delà de nos différences pour faire front, s’unir de façon pacifique face à la haine, être une vraie nation. Sentir cette appartenance et le soutien au dehors et autres citoyens du monde.
Ton article m’a parlé. Je crois que maintenant pour raccrocher les wagons de l’envie d’ecrire, c’est surtout une question de temps.
Bises
Merci Miss pour ce commentaire qui me touche beaucoup. L’envie va revenir, oui, je le crois aussi. Mais j’avais besoin de sortir tout ça.
Bises
Hey <3
Je te comprends, tu sais. C'est dur de se prendre la réalité en pleine figure, et ensuite de faire comme si de rien n'était.
Mine de rien, ce ne sont pas "que" des meurtres qui ont eu lieu, mais bel et bien des exécutions. Ce ne sont pas des malades qui sont rentrés dans le premier immeuble pour descendre des gens. Non c'était des fous préparés qui savaient très bien ce qu'ils voulaient faire. Et ça je trouve, ça fait toute la différence.
Mais oui, après il faut reprendre le dessus. Mettre tout ça dans un coin de sa tête, parce que c'est important, mais recommencer à vivre normalement.
Après, il reste toujours la solution de militer. Mine de rien, moi ça m'aide à garder les idées claires et à me dire que non, je ne suis pas inactive, je ne sers pas à rien. J'agis de façon concrète pour rendre le monde meilleur et me battre pour ce que j'estime important.
Allez, poste-le ton bilan 2014 et souris <3
Merci <3
C'est dur oui, mais pourtant ce n'est pas la première fois, Le 11 septembre 2001, le 21 avril 2002, et d'autres dates qui ne me reviennent pas forcément... mais on finit toujours, si ce n'est par oublier, du moins à mettre tout ça de côté et à faire plus ou moins les autruches. Mais là c'est différent, je ne sais pas si ce sont les circonstances elles-mêmes ou moi qui ai changé, mais je n'ai pas envie d'oublier cette fois-ci.
Militer oui, j'y pense de plus en plus...
Mais je posterai tout de même mon bilan (ce weekend, entre un exposé d'eco numérique et un projet d'UX) 😉
Bises <3
Ta conclusion est parfaite, tu sais. Oui, « on garde ça en tête ». Mais cela ne doit pas empêcher de rire, de vivre.
Comme toi je me suis fait cette réflexion dimanche : cela faisait longtemps que je n’avais pas été (si) fière d’être française. Et puis j’ai eu un peu honte de le devoir à de telles circonstances…
Tu as complètement raison, la vie continue, elle doit même continuer de plus belle! Rien que pour les faire enrager 🙂
Oui, c’est triste qu’il faille un massacre pour qu’un début d’unité nationale revienne… Mais il en sera au moins sorti quelque chose de positif
Oh que je te comprends… Parler vernis ou recette de cuisine parait bien futile à côté du drame qui s’est joué il y a à peine une semaine. En même temps, la vie continue, les petits bonheur reviennent et on prend encore plus la mesure de ceux-ci. Publier un article n’est pas le signe que l’on oublie, que l’on est passé à autre chose, c’est davantage le signe qu’il faut profiter de chaque heure, chaque minute parce ce qu’aujourd’hui plus qu’hier elles sont précieuses.
Je crois qu’on est nombreuses à avoir eu ce besoin d’exprimer ce qu’on avait sur le cœur avant de reprendre le cours habituel de nos blogs (j’ai d’ailleurs lu ton très bel article), parce que oui ça compte, oui ça nous a marquées, touchées. mais effectivement comme tu le dis la vie continue, ces moments qui n’appartiennent qu’à nous sur internet sont encore plus précieux qu’avant, en effet.
Merci 🙂
très bel article, et tellement vrai…
tres touchant Aurélie
Ton envie reviendra et peut-être que ton blog prendra une autre tournure suite à ces événements…
Et tu as raison, nous avons une chance extraordinaire d’être en France, d’y vivre meme si tout n’y est pas rose…
Ne l’oublions pas, et n’oublions pas non plus cet élan de solidarité, c’était tellement beau qu’il faut essayer de la faire durer le plus longtemps possible 😉
Ton article est touchant.
J’ai eu du mal à revenir sur mon blog et à parler d’un sujet bien moins important et futile que ces derniers événements. Mais je l’ai fait car j’en avais besoin. Même si je n’oublie pas et je n’oublierai jamais ce qu’il s’est passé.
Chacun a sa façon de vivre, de voir ce tragique et terrible événement. Je comprends tout à fait ta vision des choses.
J’espère quand même que tu reviendras poster ton bilan 2014, car ton blog a été une belle découverte 2014 pour moi 🙂
Passe une belle soirée.
Laure.
[…] retour après une longue absence…. J’ai eu du mal à revenir, je vous en avais parlé ici. Puis quand j’ai eu envie d’écrire à nouveau est arrivée une période assez prenante […]