Je vous retrouve avec une petite fournée de livres, ça faisait longtemps ! Quelques avis un peu mitigés sur ces quelques romans, dont 2 grosses déceptions. Je vous laisse découvrir ce que j’en ai pensé…
La Marque de Windfield – Ken Follett
Londres, XIXe siècle. Au collège de Windfield, la noyade d’un élève dans des circonstances troubles va marquer à jamais les destins d’Edward, riche héritier d’une grande banque, de Hugh, son cousin pauvre et réprouvé, et de Micky Miranda, fils d’un richissime Sud-Américain. Accident ou meurtre?…
En parallèle de ces interrogations, d’autres figures s’agitent dans cette société où les affaires de pouvoir et d’argent, de débauche et de famille, se mêlent inextricablement derrière une façade de respectabilité… Ken Follett dépeint la vie de jeunes gens faite de passion, de traîtrise, de manipulation et de meurtres.
Je sais, je sais… je vous saoule avec Ken Follett! C’est un peu la facilité j’avoue : à chaque fois que j’achète un de ses romans (surtout historiques) je sais que je vais passer un bon moment… et ça n’a pas manqué avec celui-ci, défini comme un « thriller victorien ».
Si vous êtes familier des livres de Ken Follett, vous connaissez comme moi la formule : une histoire d’amour contrariée, des personnages complexes et attachants issus de milieux très variés, des rebondissements à la pelle et une bonne dose de suspense, quelque soit l’époque ou le milieu choisi.
Cette fois-ci, c’est dans le monde de banques et de la finance dans l’Angleterre victorienne que Ken Follett nous emmène. Dit comme ça, ça n’a pas l’air bien passionnant, et pourtant… le miracle a lieu : une faillite de banque ou une partie de cartes entre gentlemen de la haute société deviennent tout simplement palpitants ! Les détails historiques sont toujours intéressants mais jamais envahissants, et les nombreuses machinations vous tiendrons en haleine jusqu’à la fin, qui arrive bien trop vite… on se prend alors à regretter que tous les romans de Ken Follett ne soient pas aussi gros que les Piliers de la Terre !
Bref, une valeur sûre, et un super moment de lecture ! Merci Mr Follett !
Tout ça pour quoi – Lionel Shriver
Shep Knacker, un américain moyen comme tant d’autres, caresse un doux rêve: mettre à profit le petit pactole qu’il a mis de côté et tout quitter, partir loin des humiliations au travail, des jérémiades et caprices de ses proches, des discours stériles de son meilleur ami… Partir vivre à Pemba, au large de Zanzibar, dormir, pêcher son poisson, lire, réfléchir… Vivre, tout simplement.
Il touche au but quand Glynis, son épouse, va briser net ce doux rêve : atteinte d’un cancer aussi rare qu’avancé, elle doit suivre un traitement hors de prix…
Depuis la claque « Il faut qu’on parle de Kevin » (à lire absolument), je lis tous les romans de Lionel Shriver. Je vous l’avais déjà dit ici ou là, ses autres romans, bien que toujours intéressants et très bien écrits, n’atteignent pas le niveau de « Kevin… », et c’est également le cas de « Tout ça pour quoi » (qui reste néanmoins un très bon roman).
Comme toujours avec Lionel Shriver, la psychologie des personnages est incroyable de vérité, chaque petit mot ou détail est crédible et sonne étonnamment juste.
Tout au long du récit, j’ai eu le cœur serré pour les différents personnages, qui se débattent avec leurs soucis et les coups du sort qu’ils subissent tous: Shep qui voit fondre son pactole, promesse d’une vie meilleure; Glynis qui meurt à petit feu; Jackson le meilleur ami de Shep, qui va faire une énooorme connerie et en payer les (lourdes) conséquences; Flicka, 12 ans, la fille handicapée de Jackson, pleine de rage et de fureur, qui elle aussi meurt à petit feu et ne supporte plus sa situation…
Et, en filigrane tout au long du livre, les aberrations et injustices du système de santé américain, entre prescriptions de placebo et sparadraps facturés 300$ pièce…
Soyons clairs, les sujets n’on rien de très folichons : la maladie, le cancer, les injustices sociales, les rêves qui ne se réalisent pas, la cruauté des relations familiales, l’argent, l’intime… mais heureusement, les touches d’humour et l’ironie omniprésente apportent un contrepoids bienvenue. De même, j’ai bien aimé la fin, plutôt surprenante…
Lionel Shriver définit son roman comme un « fuck you book », un livre de colère… ». Effectivement, après avoir lu ce livre, on a bien envie, nous aussi, de tout envoyer balader et de partir loin, très loin…
Rien ne s’oppose à la nuit – Delphine de Vigan
Delphine de Vigan, à la suite du suicide de sa mère, écrit sur celle-ci dans un roman en trois parties. L’enfance de Lucile (sa mère), et sa vie d’adulte qui débute réellement à la naissance de l’auteur. Elle alterne le récit par des chapitres où elle conte la vie de Lucile et d’autres où elle décrit ses recherches, son désarroi pour tenter d’achever ce projet qui l’obsède. L’auteur nous fait découvrir la bipolarité de sa mère et les bouleversants drames familiaux qu’a vécus celle-ci.
J’avais lu beaucoup d’avis positifs sur ce livre, qui a d’ailleurs reçu de nombreux prix: le prix du roman Fnac, le prix Renaudot des lycéens, le prix France Télévisions 2011 ainsi que le Grand prix « roman » des lectrices de Elle
Pourtant il m’a fallu un bon moment avant de me décider à l’acheter, le sujet me rebutait un peu… et je n’avais sans doute pas tort, car cette chronique d’une famille qui part en lambeaux m’a laissée un peu perplexe.
Commençons par les points positifs: les personnages sont intéressants; c’est plutôt bien écrit, on sent que Delphine de Vigan y a mis tout son cœur; les rapports familiaux sont dépeints dans toute leur complexité, entre drames et secrets… on peut même y trouver des échos avec notre propre histoire familiale… Bref, on lit le récit avec un certain intérêt.
Mais où cela nous mène-t-il ?
Je n’y ai pas vu de finalité, si ce n’est celle, très personnelle, de mieux comprendre sa famille et le mal-être de sa mère. En soi, la démarche est légitime, mais je ne suis pas certaine de l’intérêt d’avoir publié cette « enquête », qui frôle parfois le lavage de linge sale en public…
Je n’ai donc pas été complètement convaincue, d’autant plus que j’avais adoré Nô et Moi, lu il y a quelques années.
Cinq jours – Douglas Kennedy
Laura Warren, 42 ans, s’ennuie dans sa vie, entre un travail de technicienne en radiographie qui lui prend beaucoup de temps, un mari revêche, au chomage depuis des mois, et des enfants qui prennent leur envol… Aussi voit-elle dans cette conférence à Boston une parenthèse bienvenue, sans imaginer que ces quelques jours et sa rencontre avec Richard Copeland vont bouleverser à jamais son existence… Entre ces deux esseulés, un aperçu du bonheur… Une autre vie serait-elle possible ?
Je ne vais pas tourner autour du pot : j’ai été très déçue par 5 jours.
D’habitude, je dévore les romans de Douglas Kennedy en 2-3 jours, or pour celui-ci, j’ai mis bien plus que les fameux 5 jours du titre. Je n’ai pas accroché à l’histoire, aux enjeux, aux personnages… J’ai trouvé les dialogues fades et bourrés de clichés, beaucoup moins piquants que d’habitude.
Et j’ai été déçue par la fin, j’attendais un rebondissement final, mais non ! Rien. L’histoire telle quelle, est incroyablement frustrante, il manque une explication qui ne viendra pas.
Alors que le précédent opus de Douglas Kennedy, Cet instant-là, était un énorme coup de cœur, 5 jours devient officiellement celui que j’aime le moins, même si La femme du Vème n’est pas loin derrière : décidément, le chiffre 5 ne réussit pas à Douglas Kennedy…
Il coule aussi dans tes veines – Chevy Stevens
Sara Gallagher sait depuis toujours qu’elle a été adoptée. Mais, alors qu’elle se prépare à épouser Evan, la jeune femme souhaite découvrir qui sont ses véritables parents.
Ses recherches ne passent pas inaperçues et alertent son père biologique, qui n’est autre que le tristement célèbre Tueur des Campings, un serial killer que la police canadienne cherche à coincer depuis des années.
Quand ce dernier – qui prétend se prénommer John – prend contact avec elle pour faire sa connaissance, Sara se retrouve prise au piège…
Le postulat de base était plutôt alléchant, mais Chevy Stevens n’a pas bien su l’exploiter.
Le roman est très répétitif : l’héroïne passe son temps à sursauter quand son téléphone sonne, à dire à la police qu’elle cesse toute collaboration « cette fois-ci c’est sûr c’est la dernière », ou bien à se faire marcher sur les pieds par son entourage au grand complet. Très agaçant.
On avance néanmoins dans la lecture, car on espère sans cesse LE rebondissement, LE coup de théâtre… qui ne vient jamais, ou presque.
Le face à face père-fille (qui tarde à venir) est décevant, l’affrontement final laisse un gout d’inachevé, certaines pistes prometteuses ne sont pas exploitées…
Autant Chevy Stevens avait fait très fort avec son roman précédent « Séquestrée », autant celui-ci est vraiment mou du genou… Elle a bien tenté le rebondissement final post-résolution de l’intrigue (=« on croit que c’est fini, mais en fait non ») comme dans Séquestrée, mais… cette fois-ci, ça tombe un peu à plat.
En résumé, une grosse déception, et un roman sans grand intérêt ! Dommage…
Pour une fois – David Nicholls
Stephen McQueen, comédien raté abonné aux rôles mineurs et minables tient enfin l’occasion de bousculer son destin : il devient la doublure de Josh Harper, comédien que tout Londres s’arrache. Stephen joue la stratégie et gagne la confiance de Josh, notamment en couvrant ses aventures, espérant qu’ainsi ce dernier lui offrira bientôt l’occasion de monter sur scène à sa place. Mais les lois du star-system sont impitoyables! Et quand Stephen réalise qu’il est tombé amoureux de Nora, la femme de Josh, son plan de carrière semble une nouvelle fois bousculé…
Comme dans Un Jour et Pourquoi Pas ?, on retrouve la patte David Nicholls: beaucoup d’humour et de tendresse pour ses personnages, tour à tour attachants ou agaçants, une sens de la dérision et une ironie plutôt bienvenues, les petites désillusions et grandes déceptions de la vie…
J’ai bien aimé suivre les déboires sentimentaux et professionnels de Stephen McQueen, anti-héros pathétique et attachant, comédien raté qui persiste malgré tout dans cette voie malgré les moqueries de son entourage. Son unique rôle marquant, celui de Sammy l’écureuil dans un DVD éducatif, n’a pas fait de lui la star espérée… malgré un nom qui semblerait le prédestiner au succès (Stephen se prononçant Steven, il est le quasi-homonyme de Steve McQueen). Mais il y croit, il en est sûr, son heure de gloire approche !
Ses démêlées avec l’arrogant Josh Harper (12ème homme le plus sexy du monde, excusez du peu!) sont plutôt divertissantes et donnent lieu à quelques scènes très drôles, par exemple quand, se croyant invité en ami à la soirée VIP de Josh, il réalise en fait qu’il est censé… faire le service. Quand à Nora, elle semble aussi peu à sa place que Stephen… Américaine, ancienne serveuse, elle n’a rien d’une potiche et supporte difficilement les faux-semblants et l’hypocrisie du petit monde à paillettes de Josh.
Bref, de bons personnages, de l’humour, de jolis moments… « Pour une fois » est une lecture plutôt sympa et agréable (même si on reste un cran en-dessous de Un Jour et Pourquoi Pas ?)
Avez-vous lu ces livres ? Ou bien sont-ils dans votre pile à lire ? Venez m’en parler dans les commentaires !
17 commentaires
Il faut absolument que je me mette à Ken Follett, tu as achevé de m’en convaincre ! Merci pour ce compte-rendu !
Oui, oui, oui! Tu ne regretteras pas tu verras 🙂
Effectivement ce n’est pas bien enthousiaste tout ça !
Il faut que je lise du Ken Follett, mais je n’ai pas encore trouvé le bon moment. Mais ça a l’air vachement bien les Piliers de la Terre, je ne sais pas si tu l’as lu.
Sinon les autres, pas franchement emballée x)
Bonnes lectures pour la suite !
Oui, les Piliers de la Terre c’est top tu verras, bien sûr je les ai lus, j’en parle quasi à chaque fois (j’ai mis un lien vers l’article où j’en parle d’ailleurs, je vois que tu as lu en diagonale) 😉
J’aime bien ces rubriques livres, cela me donne toujours des idées de livres à ajouter à mon panier lors de la prochaine virée librairie 🙂
Je ne peux parler que de celui que j’ai effectivement lu, 5 jours. Je l’ai lu en langue anglaise donc peut être certaines lourdeurs de style sont passées complètement inaperçues car je suis bien moins à même d’en juger en langue anglaise que française (ou l’emploi d’une même formule à travers un livre peut me hérisser le poil fissa). Je l’ai lu l’an dernier et je ne me retrouve pas fans ta critique. Je pense que cela dépend de l’endroit où l’on se situe dans sa vie pour ce livre précisément. Au moment où je l’ai lu, ça m’avait parlé. Peut être aujourd’hui (et même très certainement) cela ne serait pas le cas. Je crois que ce livre a ce côté très réussi d’emprunter aux histoires d’amour ce nécessaire « timing » qui change absolument tout à ses clés de lecture.
Bises
Oui je pense que tu as raison, le fait de l’avoir lu en anglais a du beaucoup jouer concernant les questions de style!
Après, je ne sais pas si tu as lu d’autres romans de Douglas Kennedy, mais quand je dis que j’ai trouvé les dialogues plats et cliché, c’est plus en comparaison avec ce qu’il écrit d’habitude que dans l’absolu, finalement… Venant d’un autre écrivain, ça ne m’aurait peut-être pas choquée plus que ça, mais je suis très fan de Douglas Kennedy, et du coup j’ai trouvé ça moins bon que d’habitude et je me suis sentie flouée…
J’ai lu le Ken Follett que j’ai adoré, et le Delphine de Vigan qui m’a laissée un peu perplexe…Mieux vaut ne pas le lire si on est un peu déprimée, hein…
Peut-être connais-tu chez Douglas Kennedy « Piège Nuptial », il est hyper super méga génial. Je l’ai d’une traite ! Bisous
On a le même avis alors! 🙂
Oui, Piège Nuptial je l’ai lu il y a un sacré bout de temps, c’était encore l’ancienne traduction et l’ancien titre (Cul de sac), j’avais bien aimé! Il y a les Désarrois de Ned Allen aussi, que j’avais adoré. J’ai lu tous ses romans, par contre j’ai passé mon tour sur ses récits de voyage, j’ai essayé mais pas accroché.
Meric, j’adore ce genre de billets! Tu me donnes envie avec le Ken Follett et évidemment Lionel Shriver et tu vas m’éviter certaines lectures. Effectivement, c’est difficile quand on aime un auteur d’être « déçu » par l’une de ses oeuvres.
Moi j’avais beaucoup aimé le De Vigan , mais sans doute parce que ça « me parle » pour le linge sale, il n’a rien à voir avec Eddy Bellegueule qui lui parle même d’inceste dans sa famille et cite les noms.. Mais ça reste des livres très personnels, loin des romans, alors je ne recherche pas de « final » ou d’objectif.
Le Ken Follett, fonce, tu ne seras pas déçue!
Le livre de De Vigan a des qualités, c’est indéniable, c’est juste qu’au final je ne sais pas trop ce que cette lecture m’a apporté.
Quand on lit un roman qui nous transporte, nous passionne, on le referme en se disant « wouah, j’ai lu un bon roman », mais là… il n’y a pas vraiment d’intrigue (et c’est normal, ce n’est pas le but), je n’ai pas vraiment été transportée non plus, je n’ai rien appris de spécial…
En refermant le livre, au bout du compte, je me dis « ça a du lui faire du bien d’écrire tout ça », mais moi je n’en ai rien tiré de particulier, ni plaisir, ni connaissance, rien de spécial, même si pourtant je l’ai lu sans désintérêt… C’est très bizarre et difficile à expliquer, et certainement très personnel, je m’en rends bien compte…
Sinon c’est marrant que tu me parles d’Eddy Bellegueule, une amie me l’a conseillé, il est dans ma liste de livres à lire, je pourrai comparer avec Rien ne s’oppose à la nuit!
J’ai adoré Il faut qu’on parle de Kévin de Lionel Shriver et je ne sais pas pourquoi je n’ai jamais pensé à lire un autre de ses livres. Tu m’as vraiment donné envie de lire Tout ça pour quoi ! Et les autres livres aussi 🙂 !
Tu as lu le plus important alors!
Ses autres bouquins sont bons, mais moins bien que « Il faut qu’on parle de Kevin », mais, étant donné que ce dernier est un chef d’oeuvre, il est quasi-impossible de refaire aussi fort!
Ah j’aime beaucoup beaucoup Lionel Shriver. Tout ça pour quoi m’a touchée d’une façon très personnelle, une sorte de révélation (cette envie de partir et de tout plaquer m’habite depuis que je l’ai lu !).
Je découvre ton blog à l’instant et tes goûts littéraires me ressemblent, alors je vais aller découvrir le reste maintenant.
Merci!
Oui moi aussi je l’aime beaucoup, « Il faut qu’on parle de Kevin » a été une énorme claque (et moi, j’adore les bouquins -et les films- qui mettent d’énormes claques ;-)), et Tout ça pour Quoi est très poignant.
hello je n’ai lu aucun de ces livres mais j’ai hâte de lire le livre » pour une fois » j’aime bien cet écrivain , j’ai trop aimé son livre » un jour »
J’avais beaucoup aimé « Un jour », et aussi « Pourquoi pas », qui est très drôle!
[…] Après une dernière pile un peu mitigée, me revoilà avec 3 romans. Oui, c’est moins que d’habitude, mais d’une part deux d’entre eux sont de très gros pavés (plus de 1000 pages), et d’autre part j’avais pas mal de choses à vous dire à leur sujet! J’espère que cela vous intéressera voire vous convaincra de lire certains d’entre eux. […]